La régularité maçonnique (suite)
D'Angleterre la maçonnerie passa vite sur le continent.
Avec elle arrivèrent quelques problèmes inter-maçonniques. Le document le plus ancien, selon Allec Mellor, chantre de la "régularité" ("La Grande Loge Nationale Française - Histoire de la franc-maçonnerie régulière", (Belfond éd.), ouvrage d'une mauvaise foi rare, mais contenant néanmoins quelques renseignements précieux, signale que les premières loges furent fondée à Paris entre 1725 et 1730, par des stuartistes patisans de Jacques II.
Le texte des Constitutions dites (à tort?) d'Anderson, avait subit un changement. En lieu et place de "la Religion avec laquelle tous les hommes sont d'accord" figurant dans le texte anglais,et qui devait unir tous les maçons du globe, il est écrit "la Religion dont tout chrétien convient". Un pas en arrière de plus vers l'intolérance.
Mais les anglais ne restèrent pas de marbre devant ce changement important. Ils contribuèrent à créer une loge dans ce qui est aujourd'hui le quartier Saint-Germain cher à Boris Vian et Juliette Grèco (lesquels ne furent pas maçons).
Faisons un saut dans le temps : les maçons n'étaient pas nécessairement modestes, et certains rêvaient d'un Ordre descendant des templiers et non plus des constructeurs aux mains caleuses.
Le chevalier écossais André-Michel Ramsay qui passa par bon nombre d'Eglise avant de se fixer, en catholicisme romain, écrivain plagiaire selon Voltaire, et qui produisit entre-autres une oeuvre sans grand intérêt "Les voyages de Cyrus", vivait petitemen. ,Il se résolut à faire plaisir aux grands de ce monde, afin de recevoir quelques pièces sonnantes et trébuchantes.
Il y alla d'un ouvrage qui obtint un réel succès, connut de nos jours sous le nom de "Discours de Ramsay". Selon notre homme la maçonnerie descendait de Noé, et donc des principes noachides que Dieu donna au célèbre nautonier. Ceux-ci ressortent en fait de la morale naturelle : ne pas tuer - ne pas mentir - ne pas voler - ne pas commettre d'adultère - ne pas faire souffrir les animaux - etc. Mais bien vite il écrivit une seconde version, d'où ces principes avaient, c'est la cas de le dire en ce qui concerne Noé "mis les voiles" !
La franc-maçonnerie, écrivit-il, descendait, non des bâtisseurs de cathédrales, mais des croisés ! La maçonnerie faisait partie en fait, de l'Ordre de Saint- Jean de Jérusalem ! A leur retour de terre sainte les nobles avaient fondé des loges dites "de Saint Jean".
C'est ainsi que se créa une maçonnerie aujourd'hui composée de 30 grades, plus 3 administratifs. Passons sur l'évolution de cette maçonnerie, sauf pour dire que le grade qui obtint très vite un beau succès fut celui de Souverain Prince Rose-Croix. Que venait faire le rosicrucianisme dans la maçonnerie chevaleresque? La question reste ouverte... Ensuite fut créé le grade Chevalier Kadosh (kadosh = saint en hébreux), et d'autres encore aux noms ronflants.
La maçonnerie dites des Hauts Grades était destinée à un beau succès. Elle allait à l'encontre de la maçonnerie rationnaliste qui avait séduit une partie des Lumières, dont l'athée Helvetius et le déiste Voltaire.
De nos jours elle est représentée par le Rite Ecossais Ancien et Accepté, né à Charleston aux Etats-Unis et qui est certainement le rite le plus répandu dans le monde. Notons que le REAA n'exige pas de ses membres qu'il accèdent aux hauts grades. Il peuvent se contenter des trois premies, Apprenti, Compagnon et Maître, qui compose la maçonnerie de base, dite bleue. Feu le Grand Maître de la Grande Loge de France, Charles Dupuy, ne dépassa jamais le grade de Maître et ne s'en porta pas plus mal...
Nouveau saut dans le temps : en France, le Président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient, le pasteur Desmons, finit par entraîner derrière lui une grande majorité de loges, dont les membres en avaient assez de l'obligation de croire en Dieu - de travailler "A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers" - et d'avoir présente durant les Travaux une Bible ouverte à l'Evangile de Saint Jean. Ces maçons voulaient un Ordre ouvert à tous, croyants ou non. Nous sommes en 1877. Suivant en cela la maçonnerie belge, qui avait modernisé, en bien, la maçonnerie deux ans plus tôt, le GODF devint, comme le GOB, une obédience d'hommes libres de croireen Dieu firent partie des soeurs illustres comme Isabelle Gati de Gamond à qui la Belgique doit d'avoir des écoles moyennes pour jeunes filles, laissa, elle aussi, ses loges libres d'accepter des non croyant(e)s.
Quelques maçons poussèrent des cris d'orfraie, en France notamment, mais avant tout à Londres qui entendait bien continuer à régenter la maçonnerie mondiale.
C'st en 1913 que le maçon Edouard de Ribaucourt, par ailleurs amateur d'occultisme, ce qui n'est pas une tare, après avoir pris contact avec les dirigeants anglais, créa, de concert avec quelques autres la Grande Loge nationale Indépendante (sic) et Régulière pour la France et les Colonies Françaises. Les premières loges travaillèrent au Rite Ecossais Rectifié, lequel est nettement christique. Plus tard également aux autres Rites, Français, Ecossais Ancien et Accepté, Emulation.
Dans les Constitutions de cette nouvelle obédience liée à l'Angleterre, nous dirons plutôt "soumise", il est dit La Bible sera ouverte pendant les Travaux au premier chapitre de l'Evangile de Saint Jean - La loge sera ouverte et fermée A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers - Aucune discussion politique ou religieuse ne sera permise en loge - Seuls les Frères reconnus par la Grande Loge pourront être reçus.
Plus tard cette obedience sera connue sous l'appellation de Grande Loge Nationale Française, et deviendra la seconde en nombre de maçons Outre-Qiévrain, comme disent les belges.
En Belgique il fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale, en 1959 plus précisément, pour voir naître une obédience "régulière", la Grande Loge de Belgique. En 1979 intervint une scission, suite au fait que la GLB considérait le GADLU comme symbolique. Naquit alors la Grande Loge Régulière de Belgique, très minoritaire dans le pays.
Les questions qui peuvent être posées sont les suivantes : 1) en quoi les loges "régulières" sont-elles plus authentiques que les autres ? - 2) en quoi le fait d'aborder, comme le font les loges "irrégulières", les problèmes sociétaux, nuit-il aux Travaux de loge ? - 3) est-il normal, fraternel, de refuser les contacts entre loges "régulières" et "irrégulières" ? - 4) et enfin, chacun sait que les loges "régulières", qui exigent la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme comptent des frères agnostiques, voire athées ! A ce sujet il est amusant de voir des voitures appartenant à des frères "réguliers" arborer le flambeau de la laïcité ! - 5) et enfin, il est assez singulier de voir des frères "réguliers" assister à des tenues dans des loges "irrégulières", ce que personnellement j'ai pu constater...
Etre maçons authentique et régulier c'est pouvoir répondre à la question "Etes-vous maçon?" : "Mes frères (et mes soeurs) me reconnaissent comme tel". Le reste n'est importe peu.. Que mes frère "réguliers" me pardonnent... Et si ils ne le font pas, la chose, finalement, m'indiffère !
Pour être honnête, il faut signaler que les loges "régulières" comptent +- 6.000.000 maçons dans le monde, tandis que les "irrégulières" n'en comptent qu'environ 500.000. Mais la quantité est-elle un critère de qualité ?
Avec elle arrivèrent quelques problèmes inter-maçonniques. Le document le plus ancien, selon Allec Mellor, chantre de la "régularité" ("La Grande Loge Nationale Française - Histoire de la franc-maçonnerie régulière", (Belfond éd.), ouvrage d'une mauvaise foi rare, mais contenant néanmoins quelques renseignements précieux, signale que les premières loges furent fondée à Paris entre 1725 et 1730, par des stuartistes patisans de Jacques II.
Le texte des Constitutions dites (à tort?) d'Anderson, avait subit un changement. En lieu et place de "la Religion avec laquelle tous les hommes sont d'accord" figurant dans le texte anglais,et qui devait unir tous les maçons du globe, il est écrit "la Religion dont tout chrétien convient". Un pas en arrière de plus vers l'intolérance.
Mais les anglais ne restèrent pas de marbre devant ce changement important. Ils contribuèrent à créer une loge dans ce qui est aujourd'hui le quartier Saint-Germain cher à Boris Vian et Juliette Grèco (lesquels ne furent pas maçons).
Faisons un saut dans le temps : les maçons n'étaient pas nécessairement modestes, et certains rêvaient d'un Ordre descendant des templiers et non plus des constructeurs aux mains caleuses.
Le chevalier écossais André-Michel Ramsay qui passa par bon nombre d'Eglise avant de se fixer, en catholicisme romain, écrivain plagiaire selon Voltaire, et qui produisit entre-autres une oeuvre sans grand intérêt "Les voyages de Cyrus", vivait petitemen. ,Il se résolut à faire plaisir aux grands de ce monde, afin de recevoir quelques pièces sonnantes et trébuchantes.
Il y alla d'un ouvrage qui obtint un réel succès, connut de nos jours sous le nom de "Discours de Ramsay". Selon notre homme la maçonnerie descendait de Noé, et donc des principes noachides que Dieu donna au célèbre nautonier. Ceux-ci ressortent en fait de la morale naturelle : ne pas tuer - ne pas mentir - ne pas voler - ne pas commettre d'adultère - ne pas faire souffrir les animaux - etc. Mais bien vite il écrivit une seconde version, d'où ces principes avaient, c'est la cas de le dire en ce qui concerne Noé "mis les voiles" !
La franc-maçonnerie, écrivit-il, descendait, non des bâtisseurs de cathédrales, mais des croisés ! La maçonnerie faisait partie en fait, de l'Ordre de Saint- Jean de Jérusalem ! A leur retour de terre sainte les nobles avaient fondé des loges dites "de Saint Jean".
C'est ainsi que se créa une maçonnerie aujourd'hui composée de 30 grades, plus 3 administratifs. Passons sur l'évolution de cette maçonnerie, sauf pour dire que le grade qui obtint très vite un beau succès fut celui de Souverain Prince Rose-Croix. Que venait faire le rosicrucianisme dans la maçonnerie chevaleresque? La question reste ouverte... Ensuite fut créé le grade Chevalier Kadosh (kadosh = saint en hébreux), et d'autres encore aux noms ronflants.
La maçonnerie dites des Hauts Grades était destinée à un beau succès. Elle allait à l'encontre de la maçonnerie rationnaliste qui avait séduit une partie des Lumières, dont l'athée Helvetius et le déiste Voltaire.
De nos jours elle est représentée par le Rite Ecossais Ancien et Accepté, né à Charleston aux Etats-Unis et qui est certainement le rite le plus répandu dans le monde. Notons que le REAA n'exige pas de ses membres qu'il accèdent aux hauts grades. Il peuvent se contenter des trois premies, Apprenti, Compagnon et Maître, qui compose la maçonnerie de base, dite bleue. Feu le Grand Maître de la Grande Loge de France, Charles Dupuy, ne dépassa jamais le grade de Maître et ne s'en porta pas plus mal...
Nouveau saut dans le temps : en France, le Président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient, le pasteur Desmons, finit par entraîner derrière lui une grande majorité de loges, dont les membres en avaient assez de l'obligation de croire en Dieu - de travailler "A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers" - et d'avoir présente durant les Travaux une Bible ouverte à l'Evangile de Saint Jean. Ces maçons voulaient un Ordre ouvert à tous, croyants ou non. Nous sommes en 1877. Suivant en cela la maçonnerie belge, qui avait modernisé, en bien, la maçonnerie deux ans plus tôt, le GODF devint, comme le GOB, une obédience d'hommes libres de croireen Dieu firent partie des soeurs illustres comme Isabelle Gati de Gamond à qui la Belgique doit d'avoir des écoles moyennes pour jeunes filles, laissa, elle aussi, ses loges libres d'accepter des non croyant(e)s.
Quelques maçons poussèrent des cris d'orfraie, en France notamment, mais avant tout à Londres qui entendait bien continuer à régenter la maçonnerie mondiale.
C'st en 1913 que le maçon Edouard de Ribaucourt, par ailleurs amateur d'occultisme, ce qui n'est pas une tare, après avoir pris contact avec les dirigeants anglais, créa, de concert avec quelques autres la Grande Loge nationale Indépendante (sic) et Régulière pour la France et les Colonies Françaises. Les premières loges travaillèrent au Rite Ecossais Rectifié, lequel est nettement christique. Plus tard également aux autres Rites, Français, Ecossais Ancien et Accepté, Emulation.
Dans les Constitutions de cette nouvelle obédience liée à l'Angleterre, nous dirons plutôt "soumise", il est dit La Bible sera ouverte pendant les Travaux au premier chapitre de l'Evangile de Saint Jean - La loge sera ouverte et fermée A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers - Aucune discussion politique ou religieuse ne sera permise en loge - Seuls les Frères reconnus par la Grande Loge pourront être reçus.
Plus tard cette obedience sera connue sous l'appellation de Grande Loge Nationale Française, et deviendra la seconde en nombre de maçons Outre-Qiévrain, comme disent les belges.
En Belgique il fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale, en 1959 plus précisément, pour voir naître une obédience "régulière", la Grande Loge de Belgique. En 1979 intervint une scission, suite au fait que la GLB considérait le GADLU comme symbolique. Naquit alors la Grande Loge Régulière de Belgique, très minoritaire dans le pays.
Les questions qui peuvent être posées sont les suivantes : 1) en quoi les loges "régulières" sont-elles plus authentiques que les autres ? - 2) en quoi le fait d'aborder, comme le font les loges "irrégulières", les problèmes sociétaux, nuit-il aux Travaux de loge ? - 3) est-il normal, fraternel, de refuser les contacts entre loges "régulières" et "irrégulières" ? - 4) et enfin, chacun sait que les loges "régulières", qui exigent la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme comptent des frères agnostiques, voire athées ! A ce sujet il est amusant de voir des voitures appartenant à des frères "réguliers" arborer le flambeau de la laïcité ! - 5) et enfin, il est assez singulier de voir des frères "réguliers" assister à des tenues dans des loges "irrégulières", ce que personnellement j'ai pu constater...
Etre maçons authentique et régulier c'est pouvoir répondre à la question "Etes-vous maçon?" : "Mes frères (et mes soeurs) me reconnaissent comme tel". Le reste n'est importe peu.. Que mes frère "réguliers" me pardonnent... Et si ils ne le font pas, la chose, finalement, m'indiffère !
Pour être honnête, il faut signaler que les loges "régulières" comptent +- 6.000.000 maçons dans le monde, tandis que les "irrégulières" n'en comptent qu'environ 500.000. Mais la quantité est-elle un critère de qualité ?